Hommage à Albert Camus

Mon cher Albert

Force est de me souvenir de tout ce qui me reste de vous, dans la magnitude et le respect profond, qu'émule de vous, je porte en moi comme une insolente complicité....
Sous le soleil flamboyant de la Provence, émue aux larmes, je me suis assise sur votre tombe et y ai déposé un bouquet de ces fleurs intemporelles et odorantes que vous auriez surement aimées....
Je me suis souvenue de ce meme implacable soleil qui, dans l'Etranger , avait fait commettre à votre personnage principal , l'irréparable.
L'irréparable, à cet instant, m'est apparu, comme la lame du sabre que votre départ avait ouvert en moi comme une brèche.
Ce soleil puissant et radieux qui devait sa force à l'éternité, 'ce face à face avec la mort de l'animal qui aime le soleil' tant par vous évoqué, pouvait il n'avoir, comme limites insupportables , que ce rectangle de pierre où votre voix , presque amie, s'était définitivement tue....?

L'été à Djemila, des femmes belles et bleues se doutaient elles encore que vous les aviez splendidement évoquées sur votre terre aride d'Algérie dont le coeur battait avec tant de vigueur et de révolte ?

Tipasa rayonnait sous votre plume et je buvais vos mots d'amour et de renoncement....
Je goutais , à satiété, avec des yeux toujours plus avides, la beauté de vos femmes, la profondeur de vos héros déchus ou souverains, tout ce que cette terre et cette peste avaient porté dans leurs entrailles pour venir jusqu'à nous....
Bel homme aux lunettes noires qui avez bercé notre jeunesse et insufflé tant de révoltes et de sentiments à l'age où, en vous lisant, on pouvait définitivement fermer les autres livres, claquer la porte de nos adolescences meurtries et s'en aller sur le chemin indompté de vos parcours...
Y a-t-il un mot de pierre ou de feu venant de vous que nous n'avons pas lu ?
Existe-t-il encore un pays où l'on n'ait pas trouvé cet accord dont vous parliez si clairement , alors qu'il était pour nous tellement empirique ?
Une bouche aimée, un baiser de sang, une odeur de bougainvillée qui s'accroche et foisonne...
Un monde palpitant d'hommes et de femmes de notre Méditerannée, dont les cris , grace à vos incomparables talents, résonneront longtemps, au- delà des mers insondées, au-delà du temps de nos éternités.....?












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Par ademimo le 25.06.12

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